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Son Excellence Monsieur le Premier ministre,

Mesdames, Messieurs les membres du gouvernement,

Monsieur l’Ambassadeur de la Délégation de l’Union européenne,

Monsieur l’Ambassadeur de France,

Messieurs les conseillers du Président de la République,

Monsieur le Secrétaire général de la Primature,

Monsieur le Secrétaire général du Conseil des ministres,

Monsieur le Directeur de cabinet,

Mesdames, Messieurs les Directeurs généraux,

Mesdames, Messieurs les cadres de la fonction publique haïtienne

Distingués invités, 

La restitution de l’évaluation du programme-cadre de réforme de l’Etat 2o12- 2017 nous a offert aujourd'hui la possibilité de découvrir pour les uns, et de partager pour les autres le champ dans lequel s’inscrivent les activités et les actions visant la réforme de l’Etat depuis environ cinq ans. 

L’exercice a consisté à nous présenter non seulement les résultats obtenus, à mesurer les progrès, à jauger les avancées concrètes, à identifier les manquements, les faiblesses aussi, à évaluer le chemin restant à parcourir, mais encore et surtout à lancer les réflexions devant conduire à l’élaboration d’un nouveau plan d’action qui se voudrait plus réaliste dans l’atteinte des objectifs visés. 

Qu’il me soit permis de souligner l’intérêt du Premier ministre, S.E.M Jack Guy Lafontant, qui a pris l’initiative de l’organisation de cet atelier et tenait à être présent avec nous pour entendre la présentation du rapport et prendre note des échanges sur le sujet. Ce qui témoigne de la ferme volonté du gouvernement d’assumer la nécessité de la réforme administrative qui représente un des grands chantiers de l’État. 

C’est pour nous une motivation supplémentaire à l’OMRH afin de continuer à faire avancer la réforme de l'Etat. 

Mesdames, Messieurs,

Cinq (5) ans de cela, le second programme-cadre de réforme de l’état sous-titré Modernisation administrative et décentralisation (PCRE 2012-2017) a été officiellement lancé par les autorités d’alors. Cette ambitieuse initiative se présentait comme une réponse aux multiples dysfonctionnements, insuffisances et défaillances constatés dans l’administration publique haïtienne. L’objectif global du programme pour la période considérée était de s’assurer que « d’ici 2017, le pays puisse disposer d’une administration moderne, efficace, honnête, impartiale, au service des citoyens et de l’intérêt général, capable de gagner la confiance de la population et de préserver l’état de droit, tout en effectuant une mise en œuvre efficace de l’action gouvernementale et en assurant un suivi diligent des chantiers de la reconstruction et du développement du pays. »  

Fondamentalement, il s’agissait d’accompagner et d’offrir les conditions favorables à la construction graduelle d’une administration plus performante, plus qualifiée, plus responsable et davantage orientée vers l’intérêt général et les besoins des citoyens. 

Au terme des cinq (5) années de mise en œuvre du Programme-cadre de réforme de l’État (PCRE 2012-2017), les modestes progrès enregistrés placent l’administration publique haïtienne encore loin des objectifs fixés et des attentes légitimes de la population en demande de plus de services, et des services publics de meilleure qualité. Aujourd’hui, il est difficile de prétendre que les causes ayant servi de motifs à la conception, l’élaboration et l’exécution de ce deuxième programme se sont estompées, comme cela a été le cas pour le premier PCRE (2007-2012). 

S’il est vrai que de nombreux chantiers ont été ouverts, il faut aussi admettre que le chemin qui reste à parcourir est encore très long tant les difficultés et défaillances de toutes sortes paraissent de plus en plus insurmontables. La modernisation des structures administratives, la rénovation de la fonction publique, la transparence et la cohérence de l’action publique font partie des défis qui tardent encore à être relevés. 

Désormais, il ne s’agit plus de dresser le bilan de ces cinq années, mais plutôt d’envisager les perspectives et les engagements tenables (réalistes et réalisables) pour le futur. 

Si l’État va mal, si l’État haïtien va mal, c’est le pays qui en souffre et donc toute sa population ! 

Dans la même logique, si l’administration publique haïtienne n’est pas opérationnelle, aucun changement quantitatif et qualitatif n’est envisageable pour la population. 

Si Haïti veut offrir bien-être et prospérité à la population, il faudra qu’elle se dote de bras et de têtes de haut niveau qui lui permettront d’engager les actions positives qui changeront durablement les conditions de vie du peuple haïtien. 

Du coup pour que l’État aille mieux, il faut porter très haut l’étendard de la réforme administrative, et c’est là toute l’ambition collective que l’Office de management et des ressources humaines (OMRH) s’active à promouvoir, en rappelant que l’implication et l’engagement des fonctionnaires tout au long du nouveau processus de réforme de l’Etat sera un facteur déterminant de sa réussite. 

Faire d’Haïti un pays émergent à l’horizon 2030, selon la vision dégagée par le Président de la République, Son Excellence Monsieur Jovenel MOISE, et les lignes directrices du Plan stratégique de développement d’Haïti, suppose comme cheville ouvrière une administration publique orientée vers les résultats, efficace et efficiente et surtout totalement vouée au service de la population. 

Car, parler de réforme de l’état, de modernisation de l’appareil administratif, c’est d’abord replacer la performance de la gestion publique au cœur de la machine administrative dont le but ultime est de mieux servir nos citoyens, dans leurs diverses attentes tout au moins primaires, comme celles de se nourrir, de se vêtir, celles d’avoir accès à l’eau potable, aux infrastructures routières, aux soins de santé et à l’éducation, à l’électricité, entre autres. 

Mesdames, Messieurs, 

Au final, le processus de réforme doit nous permettre de faire face à un certain nombre de défis :

  1. Le citoyen veut plus de proximité avec son administration. Il veut des services publics mieux adaptés à ses besoins et de meilleures qualités. C’est une nouvelle demande, légitime, une demande de plus de proximité qui exige plus de déconcentration et de décentralisation dans la production de services publics ; 
  2. L’administration devant l’exigence de la commande sociale se verra obligée d’introduire les nouvelles technologies de l’information et de la communication ce qui permettra de modifier fondamentalement le mode d’organisation et de production de nos services publics ; 
  3. L’intégration par concours doit s’imposer comme unique mode d’accès à la fonction publique afin de garantir la qualité et la compétence tant nécessaire a son renforcement et son attractivité ; 
  4. La gestion rationnelle et objective des effectifs, leur planification réaliste, une bonne gestion des nouvelles entrées par voie de concours systématique comme celle des sorties avec un plan progressif à la retraite, la mise en œuvre pragmatique et méthodique du processus de classification, représentent des enjeux majeurs pour le Gouvernement, et permettront une maîtrise de la masse salariale indispensable à la réforme et au budget national. 

Le nouveau plan d’action de l’OMRH pour l’exercice en cours, en cohérence avec la feuille de route du Premier Ministre assignée au Coordonnateur général, l’organisation d’un Forum international sur la réforme de l’Etat et la modernisation de l’administration publique (prévu en décembre prochain) contribueront à la consolidation des initiatives de renforcement de la gouvernance et des capacités institutionnelles du pays.                  

J’invite à ce titre l’ensemble de nos partenaires techniques et financiers à continuer à accompagner et à soutenir l’OMRH dans ce sens. 

Je demeure convaincu que cet atelier contribuera grandement à motiver davantage l’OMRH dans son rôle de pilotage de la réforme administrative, et à rehausser son image en tant que structure capable de porter et de coordonner les actions de renforcement institutionnel mises en place au sein des ministères et autres organismes publics.

La nouvelle stratégie de la réforme devrait s’articuler autour des facteurs de réussite suivants :

  1. favoriser l’appropriation et l’adhésion de l’ensemble des parties prenantes pour mener à bien la réforme,
  2. se donner les moyens de réformer c’est-à-dire, libérer les budgets nécessaires pour assurer sa mise en œuvre,
  3. hiérarchiser les priorités.

On ne peut pas changer tout d’un coup, du jour au lendemain, partout.  Faire peut-être moins, mais bien, et jusqu’au bout.  Une réforme nécessite du temps, de la durée. 

Je voudrais encore une fois remercier nos partenaires, et tout particulièrement l’Union Européenne, la France, la Banque Interaméricaine de Développement (BID), l’USAID, et l’ensemble de la communauté internationale en Haïti pour l’appui indéfectible apporté à la réforme de l’État en Haïti.

Je suis convaincu que je puis compter sur cette relation privilégiée, durable et de proximité pour continuer à accompagner le Gouvernement haïtien général, et l’OMRH en particulier, dans la mise en œuvre effective des prochains programmes et engagements.

Nous allons proposer au Premier ministre la formation d’un comité de réflexion pour définir les grandes orientations de la réforme et préparer un agenda réaliste et opérationnel qui doit permettre de poser des actions pratiques et concrètes, avec des impacts immédiats au bénéfice de nos concitoyens.              

« Être réaliste, dit-on, c’est préférer une réforme   modeste, qui en permet une autre, à un miracle impossible. » Habib Bourguiba, Président tunisien, 1903-2000.                  

C’est sur cette note d’espoir que je voudrais conclure mon intervention en adressant mes remerciements à vous tous ici présents pour le temps consacré à cet atelier. 

Je vous remercie de votre aimable attention !